Mickey Arnephy
Aux Seychelles, Mickey Arnephy travaille l’argile, le grès, inspiré par la mythologie de son pays encore proche de la Source. À La Réunion, Claude Berlie-Caillat, directeur d’Art Sud, transforme le basalte, matière volcanique issue du feu initiateur, et réinvente la terre. Naturellement, la rencontre des deux céramistes en pays créole s’est articulée autour du thème du végétal, de l’Homme, des origines.
En solo, et sur des fonds de grès pyrité, Mickey a immortalisé de grandes feuilles aux bords gracieusement dentelés, sur lesquelles de petits geckos se sont aventurés. Il a figuré de grands vases aux formes brutes, tels des troncs minéraux prêts à accueillir leur descendance.
En solo, Claude a décliné l’origine de l’Homme sur des plaques de terre chamottée, naviguant à travers la lumière de ses cuissons et les reflets d’un regard, puis de deux, puis de trois. Quatre, le masque apparaît, sept, huit, neuf, voilà l’Androïde. Finalement, ils sont treize. Et il n’y a pas de hasard : il a obtenu autant d’expressions minérales nuancées que peut en receler le mystère de la Genèse.
En duo, ils ont joué avec l’imaginaire impudique du coco fesse, célébrant sa nature presque charnelle. Travaillant sur les formes exceptionnelles de la géante graminée des Seychelles, ils ont pris ses rondeurs et ont moulé sa coque végétale, la dupliquant vers l’installation évolutive qui se dessinait au gré de leur complicité artistique. Autant de pièces céramisées sont nées, puis ont été symboliquement et harmonieusement disséminées, montées, courbées sur une couverture de sable ponctuée de scories, pour une ode à l’espace îlien qui unit nos terres océanes.
Ainsi revisitée par les deux artistes, la nature devenue délicatement érotique s’est parée d’or et de pigments évocateurs de sentiments passionnés, le temps d’une installation contemporaine et éphémère en mars 2003.